lundi 1 septembre 2008

Y'A ToUlOuRs PiRe AiLlEuRs...

Cette année, je suis encore brigade remplaçante, poste que je n'ai pas vraiment demandé mais auquel je commence à m'habituer par la force des choses.

Je n'ai donc pas vraiment d'école à moi, de classe à moi que je pourrais aller décorer à ma façon, je ne sais pas encore où je serai demain, mardi, jour de la véritable rentrée des élèves.

A l'heure où vous me lisez, ce lundi, je sais que je suis dans mon "école de rattachement", une école où les collègues préparent assidûment leur classe (si, si, y'en a qui bossent). Une école où je suis un peu "de trop", posée entre la bibliothèque et l'espace internet, et peut-être qu'on pensera à me prévenir s'il y a une pause café, sinon je descendrai de moi-même histoire de ne pas faire trop mon asociale, vu que 6 heures toute seule, c'est quand même un peu long (même si j'ai deux trois photocopies à faire)(non, je n'écris pas mon blog du boulot: n'y pensez même pas!).

Je ne vais pas vous dire dans ces moments que j'adore mon métier.

Remarquez, ça me fait penser, il y a toujours pire.

Regardez Clara: que je vous fasse un petit aperçu rapide de cette copine dont je ne vous ai jamais encore parlé (oui, à côté, j'ai une vie, des amis, tout ça...): Clara, son appart est plus désinfecté que la chambre du plus propre des hôpitaux de France, zéro poussière, zéro bactérie. C'est le genre de fille qui va se laver les mains 3 fois avant de manger, 3 fois après. Chez elle, chaque chose est à sa place, tout est ordonné méticuleusement, tout est neuf, plus moderne que chez ikéa, plus tendance que chez Valérie Damidot.
Clara, Elle est parfaitement parfaite, à 5heures du mat' comme à minuit. Belle, soignée, soigneuse. A vous filer des complexes. Elle vient d'une bonne famille, toute élevée dans le privé/catholique.
Clara, elle a quand même un défaut: elle est instit. Elle a passé son concours en même temps que moi, l'année où moi, je l'ai loupé (de peu, rhô, ça va hein...), évidemment, elle, elle l'a réussi. (Oui, mais sa mère avait fait brûler un cierge, c'est ça qui m'a manqué, certainement, ce jour-là).
Ses premières années ne furent pas évidentes: quand on est instit, on n'est pas toujours face à des élèves parfaits (non, non, pas toujours...), et puis surtout, elle a été exilée en pleine cambrousse, loin de tout.

N'empêche que, dans son malheur, elle s'était trouvé une bonne école toute neuve, toute reluisante, où elle a fait ses premiers pas de parfaite instit.

Et puis, est venu le moment où elle a commencé à en avoir un peu ras le bol de vivre en ermite loin de tout, où elle en a eu assez de s'éclairer à la bougie et de se laver à l'eau froide (j'exagère un peu?): elle a décidé de se rapprocher, et bingo, elle a eu sa mutation cette année dans une école de banlieue (la route est longue pour accéder à l'école de centre ville, mes gens...). Dans ma circonscription.

"Tiens, zeste, toi qui est remplaçante, tu connais peut-être l'école Jeff Furry où je suis nommée?" (je dis "Jeff Furry" comme ça au pif, ne commencez pas à faire vos recherches...), qu'elle m'a dit, sur msn (non, même sur msn, elle ne parle pas en langage sms, elle est parfaite, je vous répète...).

Hum hum. Comment dire. Bien sûr, cette école, je la connais, et vu le nombre d'écoles que j'ai squattées l'an dernier, je dois dire que quand je m'en souviens, c'est que c'était soit formidable, soit horrible (plus souvent le deuxième cas que le premier)(en fait, il n'y a eu qu'une école formidable). Manque de bol pour elle, celle-là, la Jeff Furry, elle est dans ma catégorie "oh mon dieu, jamais je ne voudrais rester plus d'une journée dans cette école".

Je ne lui ai pas dit, parce que je ne suis pas du genre à démoraliser. Ou parce que je n'ai pas de couille, au choix. Quoi qu'il en soit, j'étais contente d'être sur msn, ce jour-là, en "occupée": j'ai pu faire semblant de ne pas être là (c'est lâche, je sais).

Jeff Furry, c'est un peu la pire école sur la courbe des écoles que je vous avais tracée ici. Un vieux mobilier à moitié cassé, une vue atroce, une petite cour en macadam, sans jeu, des instits pas sympas, des atsems qui n'aiment ni les instits, ni les enfants. De l'extérieur, ça ressemble un peu à une usine, de l'intérieur, ça ressemble un peu à... rien. Le milieu social des familles fréquentant l'école (c'est à dire les familes qui vivent au 19 étages de la tour d'à côté) donne encore un peu envie de pleurer même après avoir avalé un tube entier d'euphorisants.

Je n'y suis restée qu'une seule journée: je me souviens que l'assistante d'éducation était sympa, ça m'avait un peu sauvée... je me souviens qu'elle m'avait dit qu'elle ne resterait pas dans cette école. Forcément.

Je ne sais pas encore à quelle sauce je serai mangée, demain. Mais tout bien réfléchi, j'en viens à m'en satisfaire, de mon poste...

11 commentaires:

  1. Couci Zeste,
    Bon courage pour cette nouvelle année scolaire !
    Et puis euh... Bon courage à Clara également pour le coup !!!

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  2. Et bien vu sous cet angle, je ne vais pas me plaindre de mon école alors... Nan, nous on a reçu du mobilier flambant neuf ce matin, et sur les 3, il n'y a qu'une atsem qui n'aime pas les enfants(bien évidement ce n'est pas moi...)

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  3. En effet , y a toujours pire, c'est à ça qu'il faut penser quand on voudrait mieux que ce que l'on a.( oui , je suis très philosophe comme fille).
    Et je vais te dire un truc, je croise les doigts pour que demain on ne t'envoie pas à Jeff Furry........(désolée , brûler un cierge c'est pas que je ne veux pas mais ma religion me l'interdit)

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  4. Le cierge, ça sert à rien... ma tante bonne-soeur en fait brûler des tas, et rien n'y a fait !!

    Bon... oui... ya pire... comme les poux dès la rentrée qui "courent" sur les longs beaux cheveux propres de Clara, qu'elle sera obligée de couper pour s'en défaire... comme tous ces miasmes qu'elle va se chopper parce qu'elle vit dans un environnement aseptisé... moi je dis, tu as toutes tes chances lorsqu'elle se mettra en congé de maladie !

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  5. (ceci dit, une chambre d'hôpital c'est pas touche vierge de poussière, moutons et autres tâches en tous genres. Mais ce n'est pas le sujet, je sais.)

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  6. Ce matin, mon chef annonçait les futurs départs en retraite de collègues (une sombre affaire de postes qui ne vont pas être remplacés...) et histoire de faire rigoler l'assemblée, il dit "Mme Choko, date de départ, 2041"... Dans ma tête c'est une date qui fait un peu science-fiction, alors si en plus il faut se farcir des cons de collègues dans l'école Jeff Furry (le cousin américain du célèbre promoteur de l'école républicaine), je dis courage Clara, courage!! Non parce que les élèves pénibles ça passe, mais si en plus tu les prives de récré pour éviter toute forme de contact avec les autres adultes, là...

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  7. Une école qui ne donne pas envie aux enseignants d'enseigner. Une école qui ne donne pas envie aux mômes d'apprendre, et personne pour leur donner ladite envie puisque les enseignants... n'ont pas envie d'y enseigner !! On se mordrait la queue si on en avait une !

    Bisous Zest ! Et bonne rentrée à toi !

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  8. Petite question : faut-il te souhaiter "bon courage" pour la rentrée? Non, parce que ça veut dire que forcément il t'en faudra, du courage...
    Alors, euh, bonne chance?

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  9. A chacun sa galère qu'on dit parfois... Mais le relativisme absolu n'existe qu'en cas de masochisme altruiste infini.
    Moi aussi je suis entrée (indirectement) dans le monde des mutations, des affectations, des équipes pédagogiques homophobes xénophobes accro à la binouze en survet et à se plaindre des racailles de l'établissement (des ptits enfants de paysans blonds yeux bleux)..."on a pas la bonne immigration ici".J'en passe et des meilleurs, ça m'a donné envie de créer un blog pour profs-stagiaires désespérés (du 1er au dernier jour...). Et la titularisation ne changera rien à ces moments où on se sent terriblement seul-e.(allez j'arrête de me plaindre...pour Elle)

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  10. --> sam: tu m'étonnes... il en faudra, des paquets de courage!!

    --> céleste: faut que tu me files l'adresse de ton école. Ou que tu viennes dans la future mienne (si, un jour j'aurai une école fixe...).

    --> pucca: j'aimerais quand même qu'on m'envoie quelque part, un jour, histoire de "rentrer", moi aussi...

    --> kanou: tu fais bien de me le dire, que ça ne sert à rien, le cierge... ce sera toujours cette expérience que j'n'aurai pas à faire! Pour les poux, c'est vrai que ce serait marrant... oh, ça va, c'est pas si méchant, des poux (elle n'a pas de dreads!).

    --> 22: (oui, c'est une salle d'opération, que j'avais voulu dire).

    --> choko: ah? y'aurait du "vécu"?

    --> didou: c'est triste, hein?

    --> eurêka: c'est clair que c'est une grosse question de chance aussi!!

    --> ayesha: c'est fou, hein, le monde de l'éducation...

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  11. --> Du vécu, pour les élèves un peu pénibles, oui. Mais j'avais la chance de travailler avec des gens super...et pour les premières années, j'crois que c'est important quand tu peux discuter, échanger sur ton boulot...sans te sentir jugée par certains qui EUX, maîtrisent...

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