PaRlEr PoUr Ne RiEn DiRe...

S'il y a bien une chose que je déteste, dans mon boulot, c'est la partie "réunions". Je ne sais pas comment ça se passe chez vous, dans votre job, les réunions, mais les miennes sont particulièrement pénibles.

Faut que je vous dise un truc: je ne suis pas le genre "bavarde", dans la vraie vie, et une de mes qualités (si, si, j'en ai), c'est de ne pas tourner autour du pot pendant cinq minutes quand je peux dire une chose qui prend trois secondes. Je suis directe, en gros.
Or, dans les réunions, à chaque fois, ça ne coupe pas, comme si c'était fait exprès, de ne pas pouvoir dire en trois secondes ce qui peut être dit en une. Comme si ceux qui placent les instits mettaient exprès des personnes qui seraient là pour que les réunions durent plus longtemps: "tiens, à cette école, il faudrait mettre une chieuse bavarde!".
Non, mais c'est vrai, vous avez ça, vous aussi, dans vos réunions? Rassurez moi... Celle qui, pour expliquer qu'elle veut faire eps (oui, fin, maintenant on dit "agir et s'exprimer avec son corps", pour parler de l'eps, mais si je vous avais dit "celle qui veut faire pour que ses élèves agissent et s'expriment avec leur corps", vous n'auriez peut-être pas bien compris)(non pas que je vous prenne pour des glands, mais c'est que je suis toute imbibée de l'école, et je sais que vous, moins)(fin, faut espérer pour moi)... donc, je disais que, par exemple, celle qui veut faire eps de 9h à 10h avec ses élèves va expliquer pourquoi par A plus B en passant par C, et ensuite va dire comment ça s'est passé l'an passé avec ce créneau horaire, ce que la conseillère pédagogique lui avait dit à ce sujet, et aussi son mari qui est instit dans une autre école, puis enfin, pour finir, elle va prendre un exemple concret, alors qu'à la base, qu'elle fasse agir et s'exprimer ses élèves avec leur corps de 9 à 10 plutôt que de 10 à 11 tant que ça n'interagit pas avec mon créneau à moi, je m'en tamponne la coquille saint Jacques (ou celle aux champignons, si vous n'êtes pas très "poisson")...
Bref, si vous vous êtes perdus dans les explications, ça vous résume bien ce que ça peut rendre en réunion...
Donc, pour résumer, au lieu de dire ça en deux secondes, ça prend un bon quart d'heure de réunion. Au moins. Parce qu'en plus, ses exemples, elle les prendra bien gratinés pour que les autres instits, ça leur fasse penser à un autre exemple qu'elles ont vécu, elles. Et je vous prie de croire que tout le monde a des exemples à donner d'une situation bien précise, à partir de deux ans d'ancienneté dans le métier (deux ans d'ancienneté dans une école, ça peut être un sacré paquet d'élèves croisés).

Bon, je sais, vous allez me dire que je suis rabat-joie, que les réunions, c'est aussi un moment convivial passé avec ses collègues et que même parfois, on débouche les bouteilles avant la fin de la réunion (ah non, ça, c'est dans les réunions d'L... elle a l'air de bien s'éclater aussi, dans son job, tiens...). Sauf que la bonne petite ambiance passe moins bien quand vous savez que les collègues se tapent toutes dans le dos dès que c'est possible (et je ne parle pas d'une tape amicale). Et là, paf, comme si la petite bouteille qui passe l'ambiance bon enfant devait y faire quelque chose, ça brosse dans le sens du poil de partout...

Forcément, les instits, c'est une majorité de filles (hi hi hi hi, ce qui m'arrange parfois), et qui dit "filles" dit "embrouilles". Là, dans l'école que je squatte en ce moment, on est à 7 classes. Sept classes, sept femmes, paf, bang, ça croche patte à tout va. Et moi, la petite nouvelle, je suis au courant des histoires que chacune a avec chacune, et si elles ont l'air de s'adorer en réunion, je ne peux pas m'empêcher de penser à tout ce qu'elles se disent par derrière... En réunion, le faux cul prime. Et encore, on a de la chance pour l'instant: on n'est pas obligés de s'entendre avec sa directrice... mais j'imagine bien le tsoin tsoin que ça va être quand on va devoir en prime être lèche-botte avec la directrice... (oui, comme vous le savez, il y a des réformes en cours pour qu'on finisse par tous se taper dessus entre collègues, dans l'éducation... faites moi penser de changer de métier sous peu, merci).

Vous vous souvenez, en cours, quand il y en avait toujours une qui posait une question à deux minutes de la fin? Le truc abusé, quoi, qui me sortait par les trous de nez. Ben voilà, mes réunions, j'ai l'impression que c'est un peu ça. Je commence à mettre mon manteau, et hop! On aborde un autre sujet qui n'a rien à voir avec rien... Non, mais , c'n'était déjà pas marrant au lycée ou à la fac, encore moins à l'iufm, mais alors là, c'est vraiment plombant... non, mais c'est bon, plus personne ne va nous donner une note, et on n'a pas une augmentation pour bonnes questions posées, faut qu'ils arrêtent...

Ah, le souci aussi, c'est le sujet des réunions. Pas parce que j'n'en ai rien à faire des enfants, tout ça, houla, attention... Le souci se pose surtout quand on parle des évènements que l'école va faire quand moi je ne serai plus là... J'aime bien être informée, mais bon, quand on prend trois heures pour choisir le matériel de l'année suivante, alors que déjà dans deux semaines je serai ailleurs, on ne va pas dire que ça me botte... Pareil quand on parle du spectacle maternelle qui aura lieu quand je serai dans une autre ville... Ok, c'est intéressant quand c'est la première année, on voit un peu comment se passent les réunions... mais là, je commence à comprendre comment on commande des grosses perles de 3 cm de diamètre ou des gommettes en forme de sapins...

Bref, fin, ce soir, pour résumer, j'avais une réunion qui ne m'a servie à rien sauf à vous concocter un petit article (et que dans le genre parler pour ne rien dire, j'ai excellé...)... et ne m'en voulez pas si je poste si tard, parce que je pourrais bien mordre.