MoN MoMeNt "tChi-tChâ" !

Bon, je ne vais pas vous faire le coup du post tout con de mon film préféré. Je le garde pour le moment où je n'aurai plus rien à dire... et ce ne sera pas demain la veille, parce que j'ai encore un ou deux sujet(s) en tête avant ça... Soit, bon, je peux commencer? vous êtes bien installés? une petite clope, un petit verre de jus multivitaminé?

Z'aujourd'hui, je vais vous parler de ce moment que vous avez dû tous vivre une fois dans votre vie: vous avez 17 ans, il est 21h50, vous êtes installé(e), en pyjama, avec votre petit suisse au sucre dans un bol, dans votre canap', en train de regarder un petit film français à la con histoire de vous vider la tête, d'oublier les quatre heures de philo qui se sont déroulées le matin même... quand tout à coup un "détail" éveille votre attention sur le petit écran: une scène hot.

Allez, allez-y, jouez-la blasé: "ah ah, à 17 ans, c'est bon, quand même... m'enfin, zeste!! t'étais encore choquée par une scène de cul en terminale???". Là n'est pas le sujet, et sachez que mes sens peuvent parfois être en éveil encore aujourd'hui,à 27 ans, lors de certaines scènes chaudes...

Laissez moi continuer.

Cette scène hot n'est pas une scène de cul comme on en a l'habitude de voir. Ce n'est pas du genre: smacks, baisers langoureux, hop, on tombe le fute, on soulève la jupe, on arrache la culotte, et pam, c'est parti mon kiki, plaquée contre un mur, vois comme c'est facile, hop, "tu aimes ça", "oh oui continue", orgasme fille ET garçon en même temps of course. Tout ça toujours contre le mur, bien sûr (moi je peux pas faire "ça" debout, j'ai les jambes qui flagellent, vous me direz si c'est normal ou si je suis un cas clinique...). Et en 3 secondes, l'affaire est bouclée, mais ils sont quand même en sueurs, tu m'étonnes, john...

Donc, je disais, cette scène de cul, dont je voulais parler avant que vous ne m'interrompiez, n'est pas une scène de cul comme on en a l'habitude de voir. Non, cette scène, c'est juste une fille qui tente d'en draguer une autre, qui lui met juste la main sur son sein, au dessus de son t-shirt en plus, et qui essaie de l'embrasser...

Oui, ça, pour moi, du haut de mes 17 ans, c'était explosif, exceptionnel en sensations fortes.

D'autant plus que sur le fauteuil d'à côté, il y avait mes parents...

Vous avez déjà vu vos parents quand il y a une scène chaude à la télé? Ben non, personne n'a vu ça. Parce que tout le monde visse ses yeux sur l'écran en priant que la scène soit vite passée, et qu'on en revienne à l'intrigue du film... (notez que ce n'est pas du tout le cas quand vous regardez un film avec votre partenaire... parfois vous souhaitez même qu'on n'en revienne pas du tout à l'intrigue du film... he he!).

Là, je n'avais vraiment pas DU TOUT envie de tourner ma tête, ni mes yeux vers eux. A l'intérieur de moi, c'était festival, cotillons, paillettes, tecktonik (nan, ça n'existait pas encore, mais je sentais que ça allait exister), et en même temps je faisais tout pour qu'à l'extérieur les émotions ne transparaissent pas... dur!

Bon, la scène "hot" s'est arrêtée là, parce que l'autre finalement lui a dit que non, elle n'était pas lesbienne, et gnagnagna; mais il m'a suffi de ça pour que ce film devienne mon film culte du moment: "Chacun cherche son chat", de Klapisch, j'étais devenue fan de l'actrice et j'ai appris fissa le morceau de piano qui fait office de musique de film, la nocturne de chopin en si bémol mineur (comprenez: le truc un peu compliqué quand même...) qui me hérisse encore les poils sur les bras et sur tout le corps quand j'en entends les premières notes (mais c'est pas souvent...). Enthousiasme complet. Il y aurait eu des pin's "chacun cherche son chat", je crois que je les aurais achetés. (D'autant plus que j'ai fait collection de pin's, comme tout le monde, mais ça c'est une autre histoire).

Mes parents n'étaient pas encore, à cette époque, au courant de mon "état lesbien" (et moi pas tellement non plus d'ailleurs... c'était pas encore monté au cerveau).

Quelques années plus tard, j'ai mûri, et ai fait mon coming out tant bien que mal, ... et voilà que mon père himself propose de regarder un petit film, un soir où j'avais décidé de passer le week-end dans la maison familiale: extrait de conversation:


le père : "tiens, tu veux qu'on regarde un film ce soir? j'ai trouvé ça, ça a l'air pas mal... tu connais?" , et là il me tend la jaquette du dvd "pourquoi pas moi", ... Mon sang a fait quarante-cinq tours (ça n'existe pas, mais je trouvais qu'un seul tour, ça n'était pas suffisant par rapport à la décharge que j'ai reçue et 45 tours ça sonnait bien...)(33 aussi, tiens...).

la fille : oui... non... je ne connais pas... oui, je veux bien regarder... si tu dis que c'est pas mal...


En réalité, "pourquoi pas moi", j'ai dû le voir 3 fois au cinéma et dix fois en cassette vidéo, avant de le revoir encore 5 fois en dvd avec L, d'en connaître les répliques comme tout un chacun connait celles du film "la cité de la peur", et d'acheter l'affiche du film. (Oui parce que j'ai eu mon moment "je ne regarde pas le film s'il n'y a pas de lesbienne dedans" ou encore "tout film qui comporte une lesbienne est un bon film". J'imagine que toutes les homos passent par là un jour...). Mais bonne actrice que j'étais, j'ai donc juste dit "non... je ne connais pas...".

Enfin, voilà comment, de son plein gré, on se retrouve à mater un film de lesbiennes avec ses parents. Bon, on est d'accord, ça n'était pas non plus "high art". Mais quand même... Ma mère a lâché à la fin du film que "c'était pas mal". Moi j'ai dit vaguement "ouais..." avec l'envie de lui dire: "quoi? pas mal? PAS MAL??? PAS MAL?????mais c'est top canon, maman, p*tain, ces filles, elles sont belles, les parents sont ouverts à 100%, l'homosexualité n'est plus un tabou, tu ne te rends pas compte à quel point c'est ma-gni-fi-que!!!??!!".

Voilà. C'était mes moments "cinoche lesbien" avec mes parents... J'attends un peu avant de filer mes dvd de L word à ma mère... à moins que mon père ne me les fasse "découvrir"?

(Sachez aussi que j'ai quand même failli regarder "Bound" à 15 ans, avec ma grand mère. Mais ma sœur a été prévoyante: elle avait vu de quel genre d'histoire il s'agissait, et donc s'était arrangée pour mettre mamie dans une autre pièce... autrement, pas sûre qu'elle aurait tenu bon encore 10 ans...).