FoOtBaLl ImPrOviSé...

Oh, ces vacances, je les attendais depuis, pfiou, je dirais... fin septembre dernier?

En fin d'année (donc, en juin... mais non, pas en décembre, suivez, un peu, vous êtes sur un blog d'instit!), vous n'êtes pas sans savoir que les instits sont vraiment é-rein-tés. Enfin, encore plus que d'habitude.
Le dernier jour, il arrive donc qu'on lâche un peu de lest, et qu'on commence à devenir un peu plus "cool", v'voyez. Histoire de montrer aux enfants qu'en grattant un peu, on peut être aussi sympas (mais pas trop quand même, pour ne pas qu'ils s'en souviennent en septembre... quand on doit à nouveau devenir sérieux en attendant les grandes vacances de l'année suivante).

Jeudi dernier, donc, dernier jour d'école, je n'avais pas envie de dégainer les photocopies de coloriages magiques ni de mandalas, et pourtant, il fallait bien que j'occupe un peu les enfants (six heures, ça peut être trèèèès long, quand on n'a rien de prévu); il faisait un temps magnifique et il fallait que je prépare un peu mon bronzage d'été et je me suis dit que ce serait bête de ne pas en profiter, vu que dans le nord, il fait beau à peu près quatre jours tous les deux-trois ans.

J'ai donc décidé d'organiser un petit match de foot dans la cour de l'école.

Comme je n'avais que 8 élèves (non mais n'appelez pas tout de suite l'inspection, le reste de l'année, on est beaucoup plus que ça...) et qu'un match à 8, ce n'était pas terrible terrible, j'ai décidé d'inviter la classe d'à côté. Tout le monde était bien motivé, particulièrement l'instit d'à côté, qui pouvait alors ranger tranquillement sa classe (je ne vais pas vous raconter ma vie, parce que je la raconte déjà assez, mais disons que je lui devais bien ça).

On a fait deux équipes logiques: ma classe contre celle d'à côté. Je m'imaginais déjà aller dire à l'instit d'à côté qu'il aurait fallu entraîner un peu plus ses élèves dans l'année parce que leur jeu n'était pas folichon folichon... sauf que... le scénario ne s'est pas exactement passé comme je l'aurais espéré.

Quand la classe d'à côté est arrivée à 4 points contre un (but marqué par inadvertance par un élève de l'équipe adverse dans son camp...), j'ai décidé de prendre les choses un peu en main (je ne sais pas si je vous ai déjà dit, mais je n'aime pas perdre. Donc je m'arrange toujours pour gagner en trichant s'il le faut): j'ai rejoint ma mini classe de mini-boulets sur le terrain, j'ai commencé à rentrer dans la peau d'un joueur de foot, et autant dire qu'ils n'en menaient pas large, de l'autre côté: "ouah la maîtresse elle sait jouer au foot". Eh ouais. *fierté*

Ça ne s'est pas trop vu, mais j'ai quand même un peu ramé pour marquer les trois buts d'écart et défendre les quarante qu'ils auraient pu mettre, avec mes barquettes de filles; et j'ai décidé que la prochaine fois, avant d'organiser un tournoi, je mettrai des baskets, j'entraînerai un peu mes élèves, et j'échangerai peut-être les moules de ma classe contre les zidane d'à côté.

Quand le score a été de 4 contre 4, j'ai lâché un peu le jeu pour m'en remettre, parce que, même si je fais 20 abdos par jour depuis juin pour rigoler (et mi-juillet je passe à 30!! Eh ouais... et fin août, j'arrête, l'été sera fini!), j'ai des limites, niveau sportif... mais j'ai juste dit que j'allais arbitrer un peu, hein, pas que j'étais fatiguée, oh, 'faut que je reste une star aux yeux de mes élèves, quoi... et même s'ils ont 7 ans, ils sont à 8 contre moi, faites donc le calcul: 8 fois 7, même si ça n'a rien à voir avec rien, ça fait beaucoup plus que mon âge (ne cherchez pas le rapport, il n'y en a pas).

On a fini par perdre largement une seconde fois.

Faut dire, pour défendre notre équipe alors qu'elle est à peine défendable, le gardien mettait à chaque fois du temps à envoyer la balle, c'était abusé, limite carton rouge.
Au bout de la cinquantième fois où il a monopolisé le ballon pendant que le temps tournait (mais non, on ne chronométrait pas, mais pour dire, quoi...), j'ai donc fini par lui dire: "allez, mais allez, dégaaaaaage, dégaaaaaaaaaage!!!", histoire de le presser un peu, pour que le ballon arrive à dépasser au moins le milieu du milieu du milieu de terrain (question à un bon point: le milieu du milieu du milieu, donc??? Le quart/tiers/septième/dixième/huitième/hein-quoi-j-ai-pas-compris du terrain????) .
Le petit, il m'a regardée limite choqué, et a commencé à partir de la cage de but.
J'ai tout de suite pigé que, non seulement ils ne savaient pas taper dans le ballon, mais qu'en plus ils ne maîtrisaient pas le vocabulaire "foot" (non mais ce n'était pas de ma faute, oh, je n'étais que remplaçante, là, hein... eh eh!!)...
Après quelques explications ("mais non, mais "dégage", ça ne veut pas dire "va-t'en"... ran, mais, pffff, mais... tsssss!"), le match a repris.

Deux minutes après, j'avais les deux filles de ma classe sur le côté du terrain qui se plaignaient parce que de toutes façons, le foot, c'était un jeu de garçons et qu'elles n'avaient jamais la balle et qu'elles voulaient faire de la corde à sauter, plutôt. Je leur ai dit que c'était soit du foot, soit de la copie, parce que 'fallait pas abuser non plus, déjà qu'on perdait, je n'allais pas surveiller et le match, et le score, et une bataille de cordes à sauter, quoi... elles sont vite revenues en milieu de terrain, pour ne pas servir à grand chose, mais au moins elles étaient là.

On a continué à perdre encore et encore, les buts s'enchaînaient, et je veux bien rattraper un ou deux points, mais là, ça devenait un écart trop important, je n'ai même pas eu envie d'essayer.

En plus, avec le soleil, les p'tites têtes de mes élèves commençaient un peu à rougir, et je me suis demandé si c'était à cause de la chaleur ou à cause de tout ce qu'ils essayaient de mettre dans leur jeu sans y arriver, auquel cas il fallait peut-être faire cesser le match.

J'ai sifflé un coup, et j'ai dit "ok, on annule le match, personne n'a gagné, personne n'a perdu, et on fait une tomate à l'ombre".

Au moins, j'ai pu gagner à quelque chose dans la journée... Non mais c'est vrai, quoi...