S'il y a bien une chose que je déteste, quand je remplace en élémentaire (du CP au CM2), c'est d'avoir en premier, à 8h30, le créneau de sport.
Comprenez: dès que j'arrive dans une nouvelle classe, d'habitude, j'essaie directement de retenir les prénoms, et je retiens plus selon leur place dans la classe que selon leur tête (ne me demandez pas pourquoi, c'est mon cerveau qui est fait comme ça certainement... oui, ce qui fait que s'ils me font une blague et changent de place quand je me retourne au tableau, je pleure... mais généralement, ils sont trop impressionnés par la nouvelle maîtresse pour faire des blagues dès le premier jour). Donc, je retiens leur prénom selon leur place, je disais, sauf qu'en sport, ils changent toujours de place, et je ne pense pas qu'ils accepteraient de se déplacer avec, au cou, l'écriteau de leur prénom...
En EPS (c'est comme ça qu'il faut dire), quand il y a un enfant au bout de la salle et que vous essayez de l'appeler en disant "eeeeeeh!!!", il y a 99% de chance que le reste de la classe se retourne. Et pas lui. Du coup, pour vous, c'est quarante fois plus physique; soit il faut courir vers lui et lui tapoter l'épaule, soit il faut répéter "eh" plusieurs fois. Il y a aussi la solution d'avoir le dispensé à côté de vous, qui vous souffle les prénoms. Mais attention alors que le dispensé ne soit pas le blagueur à deux balles de la classe, qui vous soufflerait les mauvais prénoms, ou, pire encore, de faux prénoms (j'imagine bien appeler "Georges Henry" au lieu de "Dylan"... remarquez, eux, c'est le genre de blague qui les fait se plier en deux, la maîtresse qui se trompe de prénom...).
Et je ne vous parle pas de la séance de piscine, quand ils sont en bonnets - maillots et qu'ils se ressemblent tous... et qu'en plus, vous n'êtes pas la seule classe à aller dans l'eau, et que, manque de bol, l'école d'à côté a choisi la même couleur de bonnet que celle de votre classe... il y a de quoi devenir fou...
En fait, en réfléchissant, le sport, c'est toujours la galère. Même quand vous connaissez les prénoms.
Il y a d'abord le souci des vestiaires. Si vous êtes à peu près normalement constitué, c'est impossible de vous séparer en deux, vous êtes d'accord? Pourtant, il y a un vestiaire filles, et un vestiaire garçons. Un vestiaire "pipelettes", et un vestiaire "baston" (parfois deux vestiaires "baston", dans les classes les plus dures...). Forcément, les ragots n'ayant jamais fait de mal à personne, je me mets avec le vestiaire "baston": du coup, ils ont fini bien avant l'autre vestiaire, vu qu'à part mettre leurs shoes, ils n'ont rien à faire, et que je les booste (avec moi, ils ne peuvent même pas raconter les ragots... parce que parler sans gros mot, c'est hyper difficile, pour eux...). Donc, ils ont fini avant l'autre vestiaire, et ils commencent à gigoter de partout en attendant le vestiaire pipelette, où il y en aura sûrement une qui aura un nœud au lacet de sa chaussure qu'elle n'arrivera pas à enlever. Vous avez déjà essayé d'enlever un méga nœud (vous savez, le vieux noeud qui est là depuis longtemps, qui a été mouillé par la pluie, puis séché, puis remouillé, le noeud qu'on a tiré et retiré, etc... le méga nœud, quoi), tout en surveillant 25 élèves? je vous fais le dessin, parce que c'est du vécu:

En sport, le truc un peu galère, aussi, c'est quand on ne s'y connait pas du tout. Exactement mon cas, tenez, oh ben ça alors!!! J'ai bien eu 2-3 heures de formation à l'iufm (j'exagère à peine)(l'iufm, c'est là où vous appreniez des choses, quand vous deveniez instit... mais maintenant, ça ne se fait plus), ça n'empêche que ce n'est absolument pas ma tasse de thé earl grey. Pour évoluer, j'ai bien quelques bouquins, mais les situations présentées dans mes bouquins sont à 98% inapplicables: des classes de 12 élèves hyper disciplinés, c'est quand même à mille lieues de la réalité... bon, puis, quand on fait foot, il y a toujours les filles qui râlent (sauf la future lesbienne... rhôôô... j'déconne...), et quand on fait danse, c'est les garçons qui soufflent (sauf le futur gay... rhôôô... j'déconne encore...)... sauf le fayot. Le fayot, il est open pour tout, et ça en devient énervant (entre temps, il vous dit aussi qu'il a adoré les maths qu'on a fait juste avant, et il vous demande ce que vous allez faire ensuite en français).
En dehors de la séance de sport, niveau cauchemar, il y a aussi la partie "trajet", où il faut être à la fois devant le groupe, pour freiner leur cadence (ils sont toujours hyper pressés de faire du sport) au milieu du groupe, pour booster ceux qui sont en train de faire un combat de cartes "pokemon", et à la fin du groupe, pour accélérer la cadence des deux bimbos (si, si, il y en a déjà à l'école primaire!!) qui détestent le sport, parce que "c'est nul, le sport". Même si je suis à fond de leur avis, je dois les convaincre que non, parce que c'est dans le programme, quoi, et il ne faut pas toujours dire la vérité aux enfants... Et puis, il faut gérer aussi ceux qui donnent des baffes à ceux de derrière parce que ceux de derrière ont donné des coups de pieds à ceux de devant "sans faire exprès"; et aussi faire une mini séance de morale à celui qui a jeté son papier de chocapic par terre et qui "s'en-fiche-mâdâme-parce-que-c'est-pas-(son)-quartier". Parfois, il faut aussi remettre les lanières d'un sac, ou refaire un lacet. Ce sont les aléas de la vie d'une classe qui part en sport...
Allez, il me reste quatre jours à prier pour que lundi matin, à 8h30, je ne voie pas sur l'emploi du temps affiché dans la classe "eps"...