CoMiNg OuT iMpRoMpTu ...

Il y a plein de genres de CO, et parmi tous les genres, il y a l'impromptu, celui qu'on n'avait pas forcément prévu à l'avance et pour lequel on doit réagir aussi vite que possible en faisant style d'assumer à fond...
Vous ne serez pas surpris de savoir que c'est de l'un de ce genre-là dont je vais vous parler maintenant... parce que les titres ont rapport avec le sujet du message, ouép, c'est comme ça qu'on fait généralement.

Ce CO ne s'est pas déroulé pas plus tard ni plus tôt qu'hier après midi, alors que j'avais mis ma combinaison d'hétéro sur tout le corps: maquillage, vernis à ongle, robe, petite veste bien ajustée, sac "pas trop", talons hauts (non, je n'ai malheureusement toujours pas reçu le mode d'emploi pour marcher avec ce genre de shoes...), collier, bracelet, oh, j'avais même une petite démarche féminine pour l'occasion: j'étais in-gay-da-ri-sa-ble, quoi.

J'avais pour mission (acceptée)(après grandes négociations qui se sont déroulées dans une situation que vous ne voulez pas savoir) d'aller chercher à la fn@c les trois paires de places de spectacles qu'on avait commandées (les places, pas les spectacles, donc y'a pas de faute, oh!)plus tôt dans la semaine, L et moi.

J'arrive au magasin sans encombre, et, parce que j'ai une vie ordinaire et que je ne suis pas une vi-aïe-pi tous les jours (ran... j'y aurais bien pris goût, dites! Hier au spectacle, c'était limite frustrant de partir direct après sans aller voir ce qu'il se passait par derrière...), je fais la queue comme tout le monde.

Quelques minutes à râler dans ma tête d'avoir été assez idiote pour accepter cette mission, et arrive enfin mon tour... Je file ma carte bancaire, parce que la dame au guichet me la demande et que je ne suis pas contrariante, et pareil pour ma carte d'identité. Quoique, je file en fait mon permis, pour tout vous dire, et couper les chevaux en quatre, mais bon, ça ne change rien à la suite de l'histoire.

Elle tapote-tapote-tapote sur son clavier, et commence à s'exclamer: "ah, il y a plusieurs billets!".

Jusque là, tout va bien.

Scrutch sruûutch, le bruit de la machine qui imprime, et les premiers billets qui sortent... et là, c'est le drame: la dame me dit, à la limite du hurlement, pour que le magasin entier (et limite le magasin d'à côté) soit au courant qu'elle fait bien son job: "alooooors, voilà vos billets pour Jeanne Cherhaaaaal", et ma pression qui monte d'un seul coup jusqu'au moins trois mille bars (en même temps, je n'ai aucune notion de la pression habituelle, mais j'ai voulu dire que c'était énorme, j'espère que je ne transcris pas trop mal...).

Attendez, houla, ne relisez pas: pour l'instant, c'est normal que vous ne compreniez pas ce qu'il y a de gênant à ce qu'elle parle comme dans un mégaphone, il y a une suite à mon message...

Scrutch sruûutchh, alors que je commence à me sentir un peu mal, sort ensuite la deuxième paire de billets. J'ai des gouttes qui perlent sur mon front et un énorme coup de chaud, un peu comme une gastro mais en cent-trois fois pire, je défais un peu mon écharpe histoire de laisser passer de l'air, en me disant que peut-être un peu de pression va partir en même temps par mon cou (parce que je ne sais pas du tout par où ça part, la pression, je n'y connais rien, je vous dis), j'ai les mains moites comme lors mon premier dodo avec L (oui, bon, hein...), elle me regarde et hurle: "...voilà les billeeeêêets pour Jacques Dutronc!!".

Mon sang fait cinq mille demi-tours (dois-je vous avouer que, niveau sang, je ne m'y connais pas terrible non plus?!), parce qu'il ne faut pas être un as du calcul ni de la comprenette pour savoir que les billets qui me rendent si nerveuse, ce sont les billets qui vont arriver après le dernier Scrutch sruûutch de la machine, je suis à deux doigts de l'évanouissement, j'ai la bouche sèche comme après avoir tenté de manger 5 petits Beurre d'affilée, les jambes qui tremblent, les larmes aux yeux, et l'impression d'avoir trois écharpes 300% laine, alors que la seule que j'ai, d'écharpe, c'est celle que je tiens dans ma main moite qui pend à côté de ma jambe qui tremble... et là, elle regarde les billets, et me sort, avec un petit sourire qui en dit long, et qui, d'un coup, m'enlève ma combi pro d'hétéro et me propulse genre sur une énorme moto, chemise bucheron, blouson en cuir, roulée au bec, drapeau lesbien qui flotte par derrière, bague au pouce, musique d'L word en fond sonore (et tous les clichés que vous voudrez bien rajouter!): "... et voilàààà... les ... derniers billets!!!!!!!".

Oh, cette dame, je ne sais plus à quoi elle ressemble parce que je n'ai pas osé la regarder, mais je l'aurais serrée dans mes bras... J'ai pris mes places en tremblant, j'ai bredouillé vite fait en bégayant: "heu... bon, ben c'est tout? Bon ben, 'fin, merci, bonsoir, enfin... heu... bonne courage... fin d'aprèm... enfin, voilà quoi...!"

Ran... la lesbienne invisible, elle reste peut-être invisible, mais elle "oute" tout son public, quoi, oh!!!

... le pire, c'est qu'il y a des jours où j'assume à fond, quoi, je jure...