(... quelle originalité dans le titre, je pressens le post génialissime... tsss...)
Bon. Fallait que je vous en parle un jour, mais j'attendais d'être bien installée ici et d'avoir toute la confiance de L pour avoir son agrément. C'est qu'on ne parle pas des parents de sa petite copine comme ça, sans crier gare... (d'ailleurs, pourquoi crier "gare", comme ça, sans rapport avec une quelconque choucroute... d'ailleurs, pourquoi parler de choucroute... bref...).
Les parents d'L, je les ai vus très vite après notre rencontre avec L. Mes parents aussi, d'ailleurs... comme ça, ça c'était fait.
retour en arrière: rencontre avec L sur le net, petites rencontres par-ci par-là dans les
lits apparts de l'une et de l'autre, et pof: d'un commun accord, on décide de faire un chantier ensemble ( vous savez, le fameux chantier où on s'est fait prendre la main dans la... dans le sac).
Bon, eh bien, pour aller au chantier, d'habitude, je prends mon sac et le train. Eh bien, cette fois-là, j'avais pris le sac et mes parents en guise de taxi. Question d'économie, c'était plus facile d'être déposée directement par les parents que d'y aller seule à l'aventure. Eh bien, pareil pour L.
Alors, bien sûr, ça n'était pas prémédité, et si ça avait été prémédité, c'était plutôt dans le sens inverse: L devait arriver une heure avant, moi deux heures après, et toute la compagnie devait rester 5 minutes, le temps de déposer les sacs et de claquer la bise. Manque de bol, cette journée-là, nous sommes arrivées en même temps. On aurait voulu le faire exprès qu'on n'aurait pas réussi...
Mes parents savaient vaguement que j'avais rencontré L lors d'un ancien chantier, et les parents de L savaient vaguement qu'elle m'avait rencontrée lors d'anciennes vendanges... les informations ne coïncidant pas vraiment, nous priions pour que le sujet ne vienne pas, et nous prions encore aujourd'hui pour qu'il ne revienne jamais... Heureusement, les conversations se sont limitées à l'état de la route et aux observations météorologiques...
J'ai eu ensuite l'occasion d'aller plusieurs fois chez mes "beaux parents", je mets entre guillemets car ils ne sont toujours pas vraiment au courant de ce qu'ils sont pour moi...
Si les enfants essaient de reproduire le modèle de couple de leurs parents, je ne sait pas quel est le modèle que je suis censée suivre...
Le père d'L est un agriculteur à fond la caisse. Pas le petit jardinier du dimanche, houla, attention, il a ferme, tracteurs, bêtes et compagnie... il se lève aux aurores, bosse comme un furieux dans son champ, revient une demie heure le midi, le temps de casser la croûte, et repart aussi sec dans un autre champ. Le soir, parfois, il est aussi dans son champ, parce qu'il y a des choses qu'il ne peut pas faire dans la journée. Un travail de malade, en fait; le métier d'agriculteur doit être le métier le plus dur du monde, et j'ai un profond respect pour lui, surtout quand je m'apprête à me prélasser sur la chaise longue et que je le vois partir en plein cagnard.
Comme tout agriculteur qui se respecte, il est au courant de la météo à la demie-heure près, tout au moins à l'endroit où se situent ses champs.
Ça doit être pour ça que les rares conversations qu'il a avec moi (le midi)(parce que le matin, je ne suis pas encore levée, et le soir, je suis déjà couchée), c'est un peu ça:
- Alors, Zeste, quel temps dans le nord?
- heu... ben comme d'habitude, pas terrible...
- ah ah ah!!
- et qu'est ce qu'il pousse, en ce moment, dans les champs dans le nord?
- heu... ben je ne vois pas trop de champs, en fait... on habite en ville!
- ah ah ah!!
La maman de L, elle n'est pas agricultrice, mais on pourrait dire qu'elle est cuisinière. Le matin, le midi, l'après midi, le soir, elle cuisine. Un truc de dingue. A 7h du mat', vous pouvez voir des calamars dans la casserole, et ça c'est pas terrible. Mais à 13h30, vous pouvez voir une multitude de desserts sur la table de la cuisine, et ça, je ne suis pas contre... Il va sans dire que ce qu'elle prépare est toujours succulent, forcément. Et très riche. C'est pour cela que l'après midi, quand on est chez les beaux parents, c'est sieste obligatoire...
Les parents d'L, ils sont du sudeuu. Ils ont le langage de là-bas, et quand je les ai au téléphone, ça me donne toujours un peu de chaleur, cet accent... j'adore. L n'a plus l'accent, malheureusement, même que quelque fois, elle dit "je t'appelle et je te dis quoi", et ça, c'est carrément mauvais signe... ou bon signe, c'est selon ce que vous pensez des gens du nord...
Les parents d'L, ils sont peut-être du sudeu, mais ils n'ont rien contre le nord. C'est pour ça qu'une ou deux fois l'an, ils montent à Lille... Et là, c'est plutôt marrant.
Si L s'est échappée de chez elle, c'est surtout parce qu'elle m'a rencontrée, et un peu parce qu'elle a trouvé du boulot ici. Pour ses parents, la première partie de la dernière phrase n'existe pas... son "CO", elle s'est bien gardée de le faire avant de monter me voir, même si elle m'affirmait haut et fort que dès qu'elle aurait un boulot, elle le dirait, à ses parents, qu'elle est avec moi...
En attendant (encore maintenant), on est censé partager le même appart, mais ne pas dormir dans le même lit... Pour en rajouter sur sa misérable vie, elle a fait croire à ses parents que j'avais la chambre et qu'elle, elle devait déplier le canapé lit tous les soirs (et d'en même temps me faire passer pour la s*lope qui a pris le meilleur).
Ça, c'est assez drôle. Parce que le canapé lit, on ne le dépliait quasi jamais (ça a changé depuis que notre volet de chambre est cassé). Et quand on le dépliait, c'était moi qui m'en chargeait (vu qu'L a un peu deux mains gauches de temps à autre). Du coup, le jour où ses parents sont montés et qu'elle n'a pas réussi à le déplier devant eux, à mon avis, ils ont cru moyen qu'elle faisait ça tous les soirs...
L, elle n'a pas fait son coming-out, et à mon avis, elle ne le fera jamais. Si j'ai été élevée dans une famille ultra libérée, L, c'est tout le contraire. J'aurais adoré être une petite souris pour voir comment la maman d'L lui a parlé de ses premières règles... parce que la sexualité, c'est sujet tabou-tabou-tabou, chez les parents d'L.
Quand je dis à L que ses parents ont bien dû faire au moins 3 fois l'amour pour les avoir, elle et ses deux sœurs, L se bouche les oreilles pour ne pas m'entendre... et c'est vrai que je n'ai jamais vu ses parents se faire ne serait-ce qu'un petit bisou... Je ne sais pas comment elle a réussi à être lesbienne, ma p'tite copine, parce que franchement, venant de ce genre de famille où on est pas ultra-ouvert, ça doit être encore plus difficile de se l'avouer.
Si L ne fera jamais son coming-out, elle ne sera jamais embêtée par les questions de sa mère. Quand la mienne me demandait sans arrêt si j'avais un petit copain, celle de L se gardait bien de lui parler d'amour...
Si L ne fera jamais son coming-out, il m'est d'avis qu'ils sont bien au courant de notre relation. Depuis cinq ans, zéro garçon ramené à la maison, ça commence quand même à faire sacrément louche, même vu de la campagne... Disons que ça nous arrange assez, au final, que le sujet ne soit pas étalé sur la table, pour l'instant. Tout est dans le sous-entendu. Les parents d'L sont assez sympas avec moi, et demandent à chaque fois de mes nouvelles. C'est que je commence à être sacrément louche, moi aussi, de n'avoir personne depuis 5 ans... et puis il y a eu cette fois où, dans la maison familiale, la maman d'L n'avait préparé qu'une chambre, alors que d'habitude, là-bas, nous avions chacune la nôtre...
Je me demande si ses parents se disent qu'un jour, il y aura, affichée sur le mur, la photo de L et moi à côté de celles du mariage de ses sœurs...