BeAuTiFuL GiRl(s)...

J'aurais aimé être un top canon de la beauté qui tue la mort. Je vous entends hurler dès ma première phrase (vous ne me laissez aucun répit, c'est abusé, laissez-moi une chance de vous expliquer...); vous me hurlez, donc, que je suis un top canon de la beauté qui tue la mort aux yeux de ma petite copine, et peut-être même à vos yeux, vu que vous ne me connaissez pas dans ma vie réelle (s'il y en a qui me connaissent, laissez les rêves aux autres lecteurs, vous serez sympa). Bon, soit, ok, je le sais, tout ça, passons.

Non, mais moi, en fait, quand je vous dis "j'aurais aimé être un top canon de la beauté qui tue la mort" ( c'est quand même la grande classe, de se citer), ça fait appel à d'autres fantasmes, d'autres ambitions.

Imaginez cette jeune fille au visage parfait, au petit décolleté plongeant sur une poitrine ni trop forte, ni trop absente. Quand elle rit, c'est à pleines dents parfaites. Quand elle boude, elle fait une moue parfaite. Quand elle est avec sa bande d'amis, elle pétille, elle scintille. Quand elle met une robe, elle est parfaite, quand elle met un pantalon, elle est parfaite, quand elle met un sac à patate, elle est parfaite quand même (c'est là que, pour nous, les filles ordinaires, ça change...). Cette fille-là, elle peut se permettre d'être un peu conne tant elle est belle, paf, on oublie tout de suite (alors que quand on est moche, on se doit d'être un peu intelligente, pour faire la contre-balance). Elle est forcément bien dans sa peau, vu qu'elle commence à le savoir, qu'elle est belle, depuis le temps qu'on l'admire tous, nous, de notre autre monde. Et c'est con à dire, mais quand on est bien dans sa peau, ça se ressent à l'extérieur. Du coup, elle est encore plus parfaite qu'elle ne le serait si elle n'avait pas idée de sa perfection; la vie est sacrément dégueulasse, vous dis-je.

J'aurais aimé être cette fille, vous savez, celle dont tous les garçons tombent amoureux, celle qui est haïe et admirée (oui, tout ça en même temps) de toutes les filles. Celle dont on écrit le nom dans les toilettes du lycée, tantôt pour dire qu'on est amoureux d'elle (ça, c'est chez les garçons), tantôt pour dire qu'elle est une salope (ça, c'est chez les filles)(ben oui, quand on est chérie d'un côté, y'a forcément les ex ou les prétendantes des garçons amoureux qui sont un tantinet jalouses)(elles vont pas non plus s'en plaindre, oh!).

Bon, ben moi, à défaut d'être elles, j'étais leur meilleure amie. On fait ce qu'on peut, hein, on s'accroche. En primaire, ma meilleure copine était la plus belle. Au collège, ma meilleure copine était la plus belle. Au lycée, je changeais de meilleure copine chaque année, mais c'était toujours la plus belle. Même qu'elles ne s'aimaient pas, entre elles, mes meilleures copines de chaque année, histoire de compétition, sûrement. J'ai eu comme meilleure copine des blondes parfaites, des brunes parfaites, des châtains parfaites, et même des décolorées parfaites.

Souvent, on venait me voir pour me demander conseil. Pas pour savoir si elles étaient prises, hein, pour ça, pas de problème: le monde entier le savait, c'était gravé sur les tables de classe; mais pour essayer de voir s'il y avait moyen de la conquérir malgré tout, et quel était ce moyen. Y'en a même qui sortaient par défaut avec moi, faute de mieux, parce qu'ils savaient qu'avec elle, il n'y avait aucune chance, et que moi j'étais plus accessible (bon, ça ne durait jamais longtemps, hein, en plus je ne "couchais pas", ce n'était donc pas méga intéressant, comme affaire).

Pour ma part, je ne suis jamais tombée amoureuse d'elles, mes meilleures copines. Véridique. Je les enviais à mort de tant de popularité, de tant de beauté en un seul corps, mais il ne me serait pas venu à l'idée de les draguer, de les embrasser. Comme quoi, soit la beauté ne suffit pas (bon, ça joue quand même, hein...), soit l'amitié ne se change pas en amour. Pas chez moi, en tout cas...

Encore aujourd'hui, je regarde les belles filles. Rien à voir avec de la drague, plutôt de l'admiration, de l'envie d'être comme elles. Et ce qui est marrant, c'est que plus je vieillis, plus les filles que je trouve belles prennent elles aussi de l'âge. Ça me rassure, ça rassure L... et ça rassurera mes lectrices de plus de quarante ans!!


... rien à voir, mais il est toujours temps de trouver charlie l'âge de Sam... et d'avouer le vôtre!