Ma MèRe EsT PaRfAiTe... Et C'eSt DuR à AsSuMeR...

J'en avais déjà un peu parlé dans un article précédent, mais elle mérite un article à elle seule...

Je sais bien, vous allez me dire, la relation mère-fille c'est sacré, et on a toutes envie de dire que notre maman à nous, c'est la meilleure, la plus belle, la plus intelligente, la plus compréhensive... et pour le coup, je suis gâtée... : ma mère, c'est mangez-bien-mangez-bio-homéopathie-non-aux-OGM-commerce-équitable-
guérir-avec-l'eau-recyclage-noix-pour-laver-le-linge-attention-à-la-couche-
d'ozone-utilisation-de-l'eau-de-pluie-mettre-des-graines-aux-oiseaux-pour-
l'hiver. Et je dois oublier des choses encore...
Mais ma maman à moi a un gros défaut: elle a une fille lesbienne.

Tout a commencé quand...

C'est elle qui a pris le taureau par les cornes un jour, et qui a lâché "je sais que tu es avec une fille". Paf, je suis tombée de haut... merde alors, je n'ai pas eu besoin d'inviter la famille autour d'une grande table et de faire une annonce officielle en faisant tinter mon verre. C'est moi qui ai laissé rouler les larmes, ce jour là, elle m'a juste dit "ben pourquoi tu pleures, tu n'assumes pas?"(oui je vous dis, elle est parfaite).
Bref, c'était une anecdote dans une discussion, nous ne sommes pas allées plus loin ce jour là...

Elle est parfaite, je vous dis encore, et donc forcément, elle s'est mise à lire des ouvrages consacrés à l'homosexualité... Bien mal lui en a pris. Je ne sais pas quels bouquins elle a lu, mais paf, elle a trouvé que c'était de sa faute à elle, et aussi peut être un peu de la faute au père, y'a pas de raison... A partir de là, elle a commencé à partir en "live" (j'ai pas trouvé d'autre mot qui correspondait à son état).

A chaque fois que je me retrouvais seule avec elle, elle essayait de me faire une psychanalyse sur le sujet: et "je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans ton enfance pour que tu sois comme ça", et "ton père n'est pas assez viril" (le pauvre il s'en est pris plein la tronche alors que lui, il assume très bien "boh, je préfère qu'elle soit avec une fille que toute seule...") et "ton frère n'est pas le modèle idéal de garçon" (oui, mon frère a un peu de mal à être stable avec une fille, ce qui aurait pu me dégoûter des hommes selon ma mère) et "il y a des garçons gentils", et "ah ce N, si je le voyais dans la rue, je ne sais pas ce que je lui ferais" (N, gars avec qui j'ai fait un couple assez pourri quand je n'assumais pas encore...). J'en passe, et certainement des meilleures, des petites anecdotes par-ci par-là, mais à chaque fois je revenais traumatisée chez moi, en pleurant, et ma copine s'en prenait plein la tronche...

Ben oui, parce que ma mère est parfaite, je vous l'ai déjà dit, donc elle détient la Vérité. Et ce que je fais est tellement mal... Enfin, heureusement, L était toujours là pour me ressaisir: Si elle n'est pas trop du genre à s'assumer, ma copine a toujours les bons arguments pour remettre dans le droit chemin: celui de ma nature, parce que je suis bien homosexuelle, quoiqu'en pense ma mère... Je ne me suis pas juste égarée dans les bras d'une fille, parce que je sais qu'avant L, je me serais bien égarée dans les bras de milliers centaines d'autres...(hi hi).

Bref, comme ma mère est parfaite, après s'être lourdement (mal) renseignée dans ses bouquins, elle en a parlé à son docteur (homéopathe bien sûr, pas un simple docteur...). Femme merveilleuse qu'elle doit être, ce médecin, qui lui a avoué que son fils à elle était homosexuel, et qu'elle avait elle aussi bien tiqué au départ, mais qu'elle préférait qu'il soit heureux comme ça plutôt que malheureux avec une femme... (j'ai presque envie de verser une petite larme, tiens...). Depuis, ma mère va souvent la voir, et ça a l'air de lui faire du bien. Et puis, d'une pierre deux coups, je ne vais plus souvent seule chez mes parents, ce qui lui laisse moins de temps pour soigner le mal qui m'a pris...