TOi Le fRèRe QuE J(e N')Ai (JaMaiS) Eu...

J'ai déjà parlé de ma soeur dans cet espace-blog. Vous savez, celle qui a pris tout le côté "star" de la famille, tout le pimpant, tout le "wahou". Et vous avez été nombreux à me dire penser que, si je n'avais pas eu le gène de la beauté, j'avais dû au moins recevoir celui de l'intelligence. Détrompez vous mes gens, de suite... parce que vous aviez oublié: j'ai aussi un frère.

C'est ce que j'appelle un "frère occasionnel", parce qu'en tout et pour tout, je dois le voir 2 fois par an, voire 3, allez; et puis au maximum je l'ai 5 fois au téléphone par année(une fois pour mon anniversaire, une fois pour le sien, et trois fois pour s'aviser du montant du remboursement des cadeaux de noël, de l'anniversaire de ma mère, et de celui de mon père).

Non pas que je ne l'aime pas. Non pas qu'il ne m'aime pas. Mais la vie a fait que...

Mon frère, c'est le premier de la famille. Celui qui doit donner l'exemple, voyez? Ah, pour ça, il a fixé la barre haute: il n'a pas trouvé mieux que d'avoir son bac S avec mention très bien, d'aller donc en prépa (normal...), et puis à Louis le Grand Paris s'il vous plaît messieurs dames, parce qu'à force de se ramasser des p*tains de notes où tout le monde se croûtait, ils l'ont réorienté, l'intello le hors-norme. Pour qu'il puisse devenir quelqu'un, quoi. Résultat des courses, il a connu la vie parisienne et s'y est carrément plu. Je crois qu'à Louis le Grand, il a fait sa crise d'adolescence (j'étais un peu trop jeune pour m'en rendre compte, c'est avec le recul que je vois ça comme ça), et ça n'a plus été du tout pour lui: il est devenu prof. Les boules.

Donc un prof de lycée, oui, mais dans le marginal, attention, holà! Rien à voir avec les profs que vous avez déjà croisés.

Déjà, il a le look flamenco, la guitare et la manière de jouer qui va avec. Il joue dans les bars, d'ailleurs, pour arrondir un peu ses fins de mois, et surtout par plaisir. Il a toujours soit une soirée à venir, soit une soirée qui vient de se terminer, tout dépend de l'heure à laquelle vous le croisez (Ça, c'est dégueulasse: moi je mets cinq jours pour me remettre de 2 verres de rosé...). Enfin, forcément, c'est Paris qui fait ça... Ça lui a sacrément changé de notre village natal, où, à 18h comme à 23h, comme à 5 h, c'est mort. Il y a dû y avoir une méga chouille une fois, personne ne s'en est remis.

Mon frère, il a aussi toujours une idée à défendre en descendant dans la rue: si ça n'est pas celle des profs, c'est celle des sans papiers, et inversement, etc. D'ailleurs ça ne m'étonnerait pas qu'il ait été à la fameuse nuit solidaire du logement dont l'emmerdeuse a parlé une fois, faudra que je lui demande à noël prochain... En clair, il est toujours occupé comme un dingue, je me dis même que s'il avait deux ou trois vies, il n'en aurait pas encore assez.

Mon frère, c'est aussi un baroudeur. Mais pas le genre club med, oh non. Du tout. C'est plutôt le genre à prendre un ticket d'avion retour d'une ville en Inde, et de se démerder pour l'aller à pied/en vélo/en train, pourvu qu'il arrive à temps pour le billet d'avion retour. Et tout cela sans réserver d'hôtel, vous pensez bien, l'habitant, rien de tel. Un peu un Pekin Express à lui tout seul, sauf qu'à la fin il n'a pas d'amulette, voire il est complètement fauché (ben oui, il est prof, je vous dis...). Il ne pourrait pas comprendre la blague, puisqu'il n'a pas la télé. Ben non, pas le temps... (Enfin, comme cette année il nous a ramené une maladie chelou qu'il a galéré à soigner, pas sûre qu'il reparte tranquillement comme d'hab aux prochaines vacances...).

Tout ça pour dire que mon brothe' , c'est un autre genre de phénomène dans la famille. C'est le côté intellectuel, il a un avis tranché sur tout, un peu une copie de ce qu'il lit dans libé, forcément, sa source de culture (quand nous, nous avons france 2... quoique depuis rue89 je me suis améliorée!) , et aussi dans les bouquins qu'il lit dévore sur la politique et sur tout en général.

Un cerveau, mon frangin. Sauf que du coup, je me sens toute misérable à côté de lui... Même quand je lui téléphone, j'ai l'impression de passer un oral. Toujours peur de dire la connerie qu'il ne faut pas dire, par peur de le décevoir dans mes propos. Pareil quand je vais le voir à Paris. Ma vie paraît bien fade à côté de la sienne qu'il me raconte et les endroits où il me sort, où il est fier de me présenter (fin, je crois, sinon il simule vachement bien!). Nous avons eu la même éducation, et pourtant nous avons deux vies complètement différentes...

Pas sûr qu'il soit très heureux, pour autant. Il ne trouve pas la femme qu'il lui faudrait, parce que les concessions et tout le flan autour, c'est pas son trip... Je tempère mes propos: il n'est pas seul, elles sont 40 à attendre en bas de chez lui, mais la Bonne n'y est pas. Et moi je pense que quand on vit seul, on ne peut pas vraiment être heureux...

Voilà où en est notre relation. Mon frère, je l'adule, ça n'est même plus de l'admiration... Il est peut être là, le hic qui fait qu'on ne se voit pas trop...