Mais les collègues avaient les yeux pétillants de bonheur en m'annonçant, à mon arrivée dans l'école, qu'un carnaval était prévu dans la semaine; je n'pouvais pas refuser, im-po-ssi-ble: déjà du point de vue des collègues, ça aurait fait la fille qui ne veut pas s'investir dans l'école. Et j'imagine aussi les parents venant me prendre la tête à la porte à 16h25, et rester jusqu'à 16h35 pour que je leur énonce les raisons pour lesquelles je ne veux pas faire le carnaval avec leurs bambins alors que les classes d'à côté le font. Parfois, 'voyez, on ne peut pas vraiment être maître de ses idées dans sa classe... j'ai déjà réussi à éviter les niaiseries de pâques, c'est déjà un bon point, on ne peut pas tout esquiver.
Et puis bon, je m'étais dit que de par mon expérience de la Chose, il y avait moyen d'éviter les déroutes. Je sais être très positive, parfois, notamment dans mon boulot...
Donc, pas folle la guêpe: déjà, je n'en ai pas fait un événement planétaire: j'en ai parlé une fois à mes élèves, juste histoire de dire ce que ça signifiait à peu près (parce que bon, quelqu'un sait-il vraiment ce que ça signifie? Non mais c'est une question fermée qui appelle juste un "non", hein, ne commencez pas à me balancer l'historique des carnavals... c'est bon, ne me parlez plus de carnaval, d'ailleurs...).
La semaine s'est donc agréablement passée, sans que je mette trop sur le tapis que ça allait être la grosse teuf vendredi dans l'école. De toutes façons, "vendredi", ils n'auraient pas compris, eux ils comptent les jours en "nombre de dodos". Bref.
Hier midi, grosse réunion avec les collègues, pour mettre au point les derniers détails. Ouf, on arrive à éviter toute idée de défiler dans les rues, de toutes façons vu le temps ils auraient tous coulé. Mais non, pas eux, je parlais du maquillage sur leur ganache... un gros hic: les collègues ont la super idée de vouloir investir les parents. Et aussi, de passer chez les élémentaires pour montrer l'étendue de la chose formidable qu'on fait vivre aux enfants. Yeap. Et puis enfin de les réunir tous dans la grande salle pour un goûter géant. Ok, ok, je prends note, je ne moufte pas un mot, sinon je risque de partir en vrille et de faire la rabat-joie.
En sortie de réunion, super investie dans le truc, je fais une
Puis voilà arriver le jour tant attendu, donc aujourd'hui. Enfin, pas tant attendu que ça pour moi, comme vous l'avez compris. D'autres auraient l'idée de dire genre: "carnaval, c'est une journée de boulot en moins pour vous les instit, ah ah ah, ils ne vont rien faire vos gamins, et vous non plus!" (et ils continueront avec "fonctionnaires payés à rien foutre"). Je défie quiconque de venir préparer et gérer un carnaval en maternelle.
Le matin même, je ne pense pas encore à dire aux enfants que l'après midi ça va être
A partir de là, c'était mort. Vous pouviez leur parler de n'importe quoi, sortir la guitare, rien, vous ne gérez plus le truc. Une horreur. je les traîne quand même jusqu'à la sortie de 11h20 (qui s'est transformée en une sortie de 11h40 pour 2 enfants, les pires bien sûr... mais là n'est pas le sujet...), parce que ça reste mon boulot...
L'après midi, rebelote, l'atsem qui les couche leur dit que s'ils ne dorment pas, ils ne feront pas carnaval. Paf, le dawa dans le dortoir... M'enfin, pour le coup, c'est son problème... Comment ça, vous dites, moi je ne fais rien pendant ce temps là? Ben tiens, et les tables et les chaises qu'on doit déplacer pour le famous "grand goûter", vous avez oublié, ça? C'est pour Bibi, tout ça, ben oui...
Réveil de sieste pénible: oui, il faut les réveiller un peu plus tôt, of course, c'est "carnaval"!!! Une maman se ramène pour "aider". Elle n'a pas du bien lire la fiche. Elle se plante à côté de son fils à la noix, et attend comme une tarte pendant que l'atsem et moi suons des gouttes à les déguiser. J'essaie de gérer le truc, en proposant à la mère de leur faire un rond de maquillage sur leur joue, ce à quoi elle me répond "ah non mais ça je saurais pas faire!!!!!!!!!". J'ai eu une très grosse envie de meurtre, j'ai éloigné l'agrafeuse et les ciseaux pour ne pas commettre l'irréparable.
Précipitation, précipitation, bouffées de chaleur; les autres classes sont prêtes, nous partons défiler et emm*rder les classes d'à côté, je compte les têtes des élèves toutes les 5 secondes, et toutes les 5 secondes, il m'en manque entre un et cinq... pendant ce temps là, l'atsem s'amuse à jeter des confettis sur les autres atsems. Je récupère le bon nombre d'enfants (à savoir si ce sont réellement les miens... boh, tant que j'ai le bon nombre...), et je file vers la salle où nous devons tous nous réunir pour partager le goûter du carnaval. Là, la mère accompagnatrice pose son cul à une table où il y a son gosse, et ne bouge plus. Pendant qu'à côté, on trime à verser le faux jus d'orange aux enfants, faire des tranches de faux gâteaux, mettre le sucre et le faux chocolat sur les crêpes, distribuer les faux bonbecs. (Je ne dis pas "faux" pour le chut chut pas de marque, je dis "faux" parce que ce sont les parents qui ont ramené ça, et s'il y avait une norme européenne pour les produits qu'ils nous filent, pas sûr que ça passerait).
A un moment, je décide que c'est bon, on retourne dans la classe, assez ri... enfin, je parle pour eux, parce que moi, pas tant que ça... La maman accompagnatrice demande si elle peut prendre un ballon pour son fils qui en a teeeeeeellement envie, et comme une jeune première, je lui réponds que oui... Arrivée dans la classe, j'en ai donc un avec un ballon, et cinq qui pleurent pour en avoir un. Je reprends le ballon, les cinq s'arrêtent de pleurer, mais celui qui n'a plus son foutu ballon de baudruche à la con pleure cinq fois plus fort. (Ah oui, parce que pendant ce temps là, sa mère est partie fumer sa clope, donc même lui, elle ne le gère plus... si tant est qu'elle sache le gérer réellement par ailleurs...).
A 16h40, quand le dernier part, je suis au bord de la dépression, et j'ai mes tables et mes chaises à aller rechercher dans la grande salle de goûter, là-bas très loin. Là où tout le monde a mis ses tables et ses chaises. Toutes de la même couleur, mais pas de la même taille. A un cm près. Une galère pour savoir quel matériel est à qui...
A 18h00, je finis ma journée. Avec les boules de finir à la même heure que vous.
ps: Qui a osé demander si les enfants s'étaient éclatés??? Ben manquerait plus que ça, qu'ils se soient ennuyés!!!!
ahahahaha !!
RépondreSupprimerIl m'arrive d'avoir au téléphone des "gens" qui veullent un Rdv en fin d'après-midi. ALors là je demande TOUJOURS, "c'est quelle heure fin d'aprem ?" parce que tu t'entends dire "16h".... !!!
16h... parce que moi quand j'entend fin d'aprem, je pense plutôt 19h30... Et là, je me dis "P'Tain encore un prof !"
J'adore !!! Pour avoir été en stage quelques semaines dans une maternelle il y a qq années, j'ai lu ton anecdote comme un film. Et je me suis bien bidonnée. Aller, suivante...
RépondreSupprimerSi j'ai la joie d'avoir ce fameux concours et de rejoindre le joyeux corps des professeurs de écoles, je prendrai soin d'appliquer tous ces conseils... mais je bâillonnerai d'abord l'ATSEM-bavarde !!
RépondreSupprimerPour l'instant, je suis mdr...pas du tout compatissante, et espère secrètement être nommée en primaire !!!
Ahhhh (soupir).
RépondreSupprimerDécidément, je te confierais bien ma gosse, Zeste.
...et sinon, les enfants se sont bien amusés au moins? Ok, je sors...
RépondreSupprimerEst-ce qu'au moins tu avais décoré ta bagnole avec des fleurs en papier crépon? nan? Aïe! pas la tête!
RépondreSupprimerno: lol. Il m'arrive, à moi, de parler à des gens qui ne sont pas profs: ceux qui se font des pauses café et/ou clope toutes les 1/2 heures, et qui peuvent lire un magazine et/ou consulter leurs mails et/ou surfer sur les blogs en même temps que de bosser. Dingue, hein? Ah ah, on rigole moins, hein? :-) chacun ses petits avantages!
RépondreSupprimercarine: suivante, suivante, carine, je ne suis PAS un ordinateur... Je suis une fille bien réelle avec une vie à côté... je ne suis pas surhumaine... :-)
kanou: tu fais partie des futurs instits qui croient qu'ils vont avoir direct la classe qu'ils veulent, ah ces ptits jeunes... Rigole bien de mes articles, rira bien qui rira le dernier, ah ah ah!!!(genre quand je lirai les mêmes choses chez toi l'année prochaine, ah ah!)
--> l'Emmerdeuse: ah non... je peux pas les supporter plus de 6 heures par jour, avec une pause toutes les 3 heures. C'est donc pas possible.
--> eurêka: grrrrrrr... t'as de la chance d'être déjà partie... je te louperai pas au prochain com' !
--> val: heu... c'est "carnaval", val, pas "mariage". Ça se fait pas, en tout cas, dans le nord, ces choses là. Ouf! T'es pas dingue de donner cette idée??
ah wouééé ?!!? Dinguedingue !! et tu penses à quoi comme boulot ? infirmière ? fonctionnaire ?
RépondreSupprimer--> no: je ne me tiens pas responsable de ce que tu dis des autres métiers... ;-)
RépondreSupprimer9a faisait un petit moment que je n'étais pa venu sur ton ptit blog et je vois que j'ai de la lecture !!!
RépondreSupprimerMais sache que j'ai changé de bureau (je suis avec mon responsable) et que par conséquent j'ai plus de boulot !!!
Mais je compte bien me rattraper ne t'inquiètes pas
en tout cas je ne voyais pas les carnavals scolaire comme ça, je compatis lol
Je sais j'arrive après la bataille, mais j'ai découvert ce blog il n'y a pas longtemps, et je profite de mes vacances de prof ( ben oui , encore une) pour le lire depuis le début. Alors là , la description de la préparation et du déroulement du carnaval, excellent , suis morte de rire devant mon écran.C'est du grand reportage, et je pense que tout "instit" ( oui, je pense aux anciens) s'y retrouveront un peu, toujours est-il que moi oui .
RépondreSupprimerEt cela marche aussi avec Kermesse, spéctacle de fin d'année ou marché de Noel.
Une mention spéciale pour les "fausses" victuailles tant apréciées par les parents, alors que je suis sûre on leur en proposerait qu'aucun n'en voudrait.