Ce qui est complètement fou, dans la vie, c’est que, quand on pense qu’il ne peut rien y avoir de pire que le phénomène qu’on a vécu en classe la fois précédente, ben en fait, si.
Vous vous souvenez, parce que vous n’êtes pas des poissons rouges (en tout cas, franchement, ça passe inaperçu, vous portez bien l’écaille), du petit trio de tête qui larguait tout le peloton, dans ma classe? Je parle bien évidemment des désormais célèbres Primo, Deuzio et Vomit… heu, Troizio. Ceux sans qui ma classe serait tellement merveilleuse que je pourrais faire passer science po à tous mes élèves en fin d’année. Si si.
Bon, eh bien, avant toute chose, il faut savoir que, dans l’école où je suis, on pratique ce qu’on appelle dans le jargon « la rentrée échelonnée »: C’est un peu comme au cirque, vous savez: on jongle d’abord avec une balle, puis deux, puis trois, puis trente. Mais à la place des balles, il y a les enfants. Oui, non, sauf qu’en effet je ne lance pas les élèves en feu en l’air et dans des cerceaux, parce que je n’ai pas le droit, c’est interdit, mais vous voyez un peu le genre?
Dans les papiers, la rentrée échelonnée, ça scintille, c’est chic planète dansons dessus (oui, c’est ça, les paroles, ça vous la coupe, hein?). Dans les papiers, oui. Sauf que dans les papiers, c’n'est écrit nulle part qu’après avoir subi une semaine les cris de Primo, puis deux jours les questions de Deuzio, et une journée les vomitos de Troizio, la maîtresse commence légèrement à perdre la patience qu’il aurait fallu avoir pour accueillir… un Quatro.
Amis terriens, amies terriennes, oh (je reste dans le thème), ce soir, je suis le-ssi-vée, e-sso-rée, rin-cée. Je suis tous les cycles de la machine à la fois, quoi: ce matin est arrivé le petit Quatro donc, qui n’a d’un bon petit biscuit que le nom que je lui donne ici. Non: Quatro n’est pas un biscuit, ni une douceur. C’est simple: si quelqu’un m’en voulait atrocement et voulait me mettre des bâtons miko dans les roues, je pense qu’il ne penserait même pas à m’ajouter Quatro.
‘Faut dire, Quatro m’en a voulu dès la première minute: je l’ai arraché des bras de sa mère, et c’était comme si elle vivait un deuxième accouchement sans péridurale dans le fin fond d’une forêt amazonienne. J’ai perdu le dernier dixième qu’il me restait à l’oreille droite quand il a hurlé, c’était surprenant: je me demande ce que les parents racontent aux enfants sur l’école, mais Barbe Bleue, à côté, c’est un Bisounours apparemment.
Au bout de 15 secondes de hurlement, il a bien fallu que je le dépose, parce qu’il en allait de la santé physique de mon oreille, et aussi parce que j’avais trop mal au bras et au dos d’avoir déjà porté les autres têtes d’affiche les jours précédents. Je suis sûre que ça aurait pu commencer à rogner mon lobe, en plus, ses cris.
Mais évidemment, que j’exagère, ran… Mais bon, quand même, il faut le vivre. Et comme je n’ai pas l’habitude d’attacher les enfants quand je les lâche (c’est marrant, ils ne proposent pas de menottes dans le matériel pédagogique), il en a vite profité pour… se barrer de la classe, fissa !
Bon, évidemment, on l’a tout de suite rattrapé, parce que ça ferait tache quand même d’en paumer un comme ça les premiers jours, même si on a le droit à un pourcentage de perte dans l’année. J’veux dire, j’ai des sorties au zoo et au parc à venir, si on commence à en perdre direct un, après faut faire un sans faute pour la suite quoi…
Non mais sans rigoler, ça m’a fichu un stress en plus, non parce qu’après, quand on a perdu un enfant, j’imagine qu’il faut s’expliquer un minimum aux parents, quoi, ils ont l’air d’y tenir un peu… et moi j’aime bien partir à 16h30 de l’école.
Quatro est resté toute la matinée à côté de la porte, la main sur la poignée, et Michael Scofield, à côté, c’était un rigolo (tiens, il est devenu quoi au final, Michael? Parce qu’après qu’il se soit retrouvé face à la tête de sa copine, j’ai arrêté de regarder… quelqu’un pourrait me renseigner?) . Quoique Michael, lui, il a à peu près réussi à s’enfuir, contrairement à Quatro, qui avait pourtant mis toutes les chances de son côté, à s’accrocher à la poignée de porte en arrêtant de temps en temps de pleurer pour se faire oublier, le vicieux… pendant que j’étais en train de jongler avec les 25 autres
Il faut trouver un point positif à toute situation, c’est ma mère et mon père qui m’ont appris ça je pense, parce que franchement, je ne vois pas qui d’autre: effectivement, il y eut un point positif: Troizio a été tellement surprise par ce nouvel élément qu’elle en a oublié de vomir. Eh ouais: le petit spectacle du jour lui plaisait !
Eh ben, moi, j’n'ai pas franchement hâte de voir le spectacle de demain… mais bon, demain c’est vendredi, j’aurai tout le weekend pour m’en remettre ! … avant l’arrivée d’un Cinquo lundi ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
V'z'avez quelque chose à dire?