Mais en tout cas, j'ai remarqué une chose: si, aujourd'hui (attention, science fiction!!), je me croisais, dans la chambre dans laquelle j'ai grandi, en un bond dans mon passé, je me dirais illico presto mezzo forte: "houla, cette fille serait un tantinet homo que ça ne m'étonnerait pas". Et encore, je dirais ça pour prendre des pincettes et ne pas la brusquer, cette fille-pépin que je fus.
Si je faisais un bond dans le passé, genre en 1998 (ouais, je sais, ça fait un sacré bond, hein: dans le précédent millénaire, vous imaginez?), et que je choisissais d'aller dans ma chambre, je me retrouverais, fille-pépin en état de floraison et/ou de défloration dans les bras d'un type ni beau ni laid, mais amoureux. Peut-être que j'interromprais tout ça en un coup d'épée, d'un Z qui veut dire "zeste" (tout ce qu'on vous a raconté ailleurs, zoro, tout ça, sont des bull-shits), et que j'entrerais en relation avec cette fille-pépin que je fus:
zeste que je suis: heu... attends deux secondes, tu déconnes ou quoi, là?
pépin que je fus: oui, à qui ai je l'honneur?
zeste que je suis: à ton futur toi... et je peux te dire que là, à te voir la pulpe à l'air, je suis presque en train de sortir de mes joncs!
pépin que je fus: ben... pourquoi? C'est bon, quoi, oh...
zeste que je suis: ça sert à quoi, tes dix ans de réflexions sur ton homosexualité, dans ton journal intime et dans ta tête, si tu commences à agiter ton bourgeon devant le premier garçon amoureux?
pépin que je fus: mon homo-quoi???
zeste que je suis: oh, arrête, hein, s'te plaît... on ne me la fait pas, à moi, tu as vu
La fille-pépin que je fus analyserait peut-être alors les murs de sa chambre, garnis de photos alléchantes de Jodie Foster (ceci dit, ceci est un pléonasme: toutes les photos de Jodie Foster sont alléchantes...). Peut-être qu'elle s'arrêterait sur son poster de Niagara et qu'elle se dirait que Muriel Moreno a une position franchement sexy. Puis, elle tournerait la tête vers son tiroir où se trouverait son journal intime, dans lequel, sans relâche, elle a noté tous ses pincements au cœur des filles qui lui avaient retourné le cerveau, chamboulé le ventre, et pressé les larmes alors qu'elle n'était encore que la moitié d'un pépin.
Elle regarderait aussi les paroles des chansons qu'elle avait accrochées au mur, les paroles qu'elle avait féminisées, où elle avait rajouté des "e" en fin d'adjectif, parce que ça faisait quand même plus joli "je veux mourir dans ton lit, non pas de pleurésie, mais mourir assouviE de tes cajoleries, amourE tu me tueras..." (oui, j'aimais les chansons très gaies, à l'époque...). Et les autres "ces paroles enfermées que l'on n'a pas su dire", ou encore "je veux dédier ce poème à toutes les femmes qu'on aime pendant quelques instants secrets" et "Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant/ d'une femme inconnue et que j'aime et qui m'aime...". (allez, fastoche, c'est mon jour de bonté: le premier à me trouver les quatre références exactes a un bon point!!)(chwing chwing, c'est peut-être ton jour de chance? Ah ah ah, ça, par contre, ce n'est pas un pléonasme...!!).
Peut-être qu'alors, elle reprendrait le dialogue avec moi:
pépin que je fus: ah, ben mince alors...
zeste que je suis: eh oui... dans le genre pépin, tu es en train de bien te planter!
pépin que je fus: ... pfiou... c'est un peu acide, comme révélation...
zeste que je suis: ... ran, mais, allez, c'est pas grave, tu vas voir, dans quelques années, tu vas rencontrer une fille terrible, et tout cela sera oublié, pfuit! Même qu'il y a plein de filles pareilles que toi, que tu rencontreras dans la vraie vie, et aussi sur ton futur blog, et...
pépin que je fus: mon futur blog???? C'est quoi, un blog???
zeste que je suis: ouais, non, 'fin, laisse tomber... l'idée, c'était juste de te dire que tu n'étais pas seule, même si, là, dans ton p'tit village de 2000 habitants, il n'y a pas encore de gay pride de prévue pour cette année...
Enfin, tout ce petit délire pour dire que ma chambre d'ado était remplie d'indices de ma sexualité d'aujourd'hui... A présent, ma chambre d'ado est devenue la chambre à coucher de ma nièce, quand elle dort chez ses grands-parents, et il ne reste plus trace de mon passage entre ces murs, à part dans un tiroir de bureau, où traînent encore des vieux posters jadis accrochés (ça fait bien, hein, "jadis"? Oh, ben je le ressortirai, tiens!), mes dix ans de journal intime, et quelques anciennes lettres d'amouûûûur dont je ne sais que faire.
Enfin, bref, tout ça m'est revenu parce que j'ai eu l'occasion de voir la chambre de mon L-dorado et de m'y attarder deux minutes, ces dernières vacances, pour photographier des choses intéressantes.
Chez les parents d'L, la politique n'est pas de transformer toutes les chambres des enfants en chambres d'amis et/ou de neveux/nièces: au lieu de s'apercevoir qu'L est partie de là il y a plus de dix ans, on dirait qu'elle a juste claqué la porte de sa chambre hier, et qu'elle compte y revenir demain. Pas besoin de fouiller son bureau pour retrouver les traces du passé (à moins que ce ne soit juste pour voir ses photos d'école, ah ah ah, mais je n'ai pas eu le droit de les prendre, ni de vous en parler, rhôôô...).
Sur ses murs, dans la chambre de chez ses parents, encore accrochée, la preuve évidente de son homosexualité avérée:
... n'empêche, Brad Pitt pour faire diversion, c'était franchement malin (j'dis ça, j'dis rien, mais il serait peut-être temps de l'enlever, maintenant, pour montrer à sa mère qu'elle a enfin choisi son clan !!!).
Si, moi, en tant que Pépin attendant une fille comme le messie (ouais, enfin, le messie, je ne l'attends pas tant que ça... comme un épisode de TLMVPSP avec Val®, quoi, plutôt...), j'avais rencontré L un peu avant (si j'avais rencontré Plume, quoi), et si on s'était montré nos chambres, je crois qu'on se serait comprises...